C’est l’histoire d’un propriétaire qui vend sa résidence secondaire…

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Un propriétaire vend sa résidence secondaire et demande à bénéficier de l’exonération fiscale du gain applicable dans ce cas. Refus de l’administration fiscale qui lui rappelle que pour bénéficier de cette exonération d’impôt, 2 conditions sont nécessaires…

D’une part, il ne faut pas avoir été propriétaire de sa résidence principale dans les 4 ans précédant la vente, et, d’autre part, il faut réinvestir dans les 24 mois le gain réalisé dans l’achat de sa future résidence principale. « C’est bien le cas ! » répond le propriétaire : si la vente de sa résidence secondaire a eu lieu après l’achat de sa résidence principale, son projet de vente est bien antérieur à cette acquisition. Sauf qu’un « projet de vente » n’est pas une vente, répond à son tour l’administration…

« Exact ! », confirme le juge qui maintient le redressement : le bénéfice de l’exonération d’impôt suppose de vendre la résidence secondaire, puis d’acheter la résidence principale dans les délais imposés. Pas l’inverse…

Arrêt de la Cour administrative d’appel de Nantes du 18 février 2019, n°17NT02048

La petite histoire du jour

C’est l’histoire d’un investisseur à qui un vendeur n’aurait pas tout dit…

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Un investisseur se porte acquéreur d’un local commercial qui comprend plusieurs lots loués à des entreprises. Une fois la vente actée, il s’aperçoit qu’une des locataires est en proie à d’importantes difficultés financières, impactant le paiement des loyers…

Une situation que l’investisseur reproche au vendeur : ce dernier devait, conformément au compromis, l’informer périodiquement, entre la promesse de vente et l’acte de vente, de tout changement qui pourrait affecter, de manière significative, l’immeuble et sa situation locative. Or, ici, le vendeur a justement appris, par la société locataire, qu’elle connaissait des difficultés pour payer son loyer, lequel représente près de la moitié des loyers de l’immeuble vendu. Une information cachée par le vendeur, qui aurait pu lui permettre d’obtenir une diminution du prix, estime l’acheteur…

… effectivement victime d’un défaut d’information intentionnel, estime le juge, de nature à lui causer un préjudice que le vendeur doit indemniser…

Arrêt de la Cour de cassation, 3ème chambre civile, du 16 septembre 2021, n° 20-19229

La petite histoire du jour

C’est l’histoire d’un dirigeant qui reçoit, non pas 1, mais 2 inspecteurs des impôts…

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En plus du contrôle de son entreprise, le gérant d’une EURL reçoit un avis de contrôle l’informant d’un prochain contrôle, à titre personnel cette fois. Au cours du 1er rendez-vous, le vérificateur chargé de son contrôle personnel est accompagné du vérificateur en charge, lui, du contrôle de l’EURL…

Un « accompagnateur » dont il n’a pas été informé de la visite, conteste le gérant pour qui cette présence est irrégulière, l’avis de contrôle étant muet sur ce point. Et parce que le contrôle s’est finalement conclu par un redressement fiscal, il en réclame l’annulation. Sauf que rien ne l’oblige à mentionner sur l’avis de contrôle le nom des agents qui seront chargés du contrôle, estime l’administration ; et un vérificateur peut venir accompagné d’un collègue qualifié pour effectuer le contrôle, ajoute-t-elle…

Ce que confirme le juge pour qui la présence d’un 2nd agent lors du 1er rendez-vous de contrôle n’est pas irrégulière, et n’invalide donc pas le redressement fiscal qui s’en suit…

Arrêt du Conseil d’Etat du 24 avril 2019, n° 408479

La petite histoire du jour

C’est l’histoire d’un employeur qui a conclu plus de 300 CDD en 5 ans… avec la même salariée…

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Une salariée a été recrutée en CDD pour remplacer des salariés en congés, en formation, malades, etc. Mais au vu de ses 322 CDD qui se sont enchaînés quasi sans discontinuer pendant plus de 5 ans, elle réclame leur requalification en CDI…

Ce que conteste l’employeur, pour qui les règles propres au CDD sont ici respectées : la conclusion de CDD successifs, distincts et autonomes, sans interruption avec la même salariée pour faire face aux absences de salariés permanents est, en effet, possible dès lors qu’il a conclu à chaque absence un nouveau contrat qui mentionne le salarié absent et vise l’exécution de tâches précises et temporaires. Sans compter son besoin structurel de main d’œuvre de remplacement, précise-t-il…

Ce que souligne justement le juge, pour qui le recours à ces contrats, qui semble être ici un mode habituel de gestion du personnel, a eu pour objet de pourvoir durablement un emploi lié à l’activité normale et permanente de l’entreprise. D’où leur requalification en CDI…

Arrêt de la Cour de cassation, chambre sociale, du 29 janvier 2020, n° 18-23470

La petite histoire du jour

C’est l’histoire d’un propriétaire qui aménage (agrandit ?) une maison mise en location…

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Un propriétaire aménage une dépendance située à côté de sa maison, comprenant 4 pièces en rez-de-chaussée et un grenier à l’étage. Une fois aménagée, il la met en location et déduit de ses revenus fonciers le montant des travaux effectués…

Travaux que l’administration va étudier avec attention, pour refuser leur déduction : isolation de cloisons intérieures, travaux d’installation électrique et de plomberie, aménagement d’une cuisine équipée, etc., mais aussi pose d’une chape en béton à l’étage, pose d’un escalier pour y accéder, modification de la toiture avec pose de 2 fenêtres de toit, etc. On est bien loin de simples travaux d’aménagement, selon l’administration qui voit plutôt des travaux d’agrandissement…

Une différence essentielle, confirme le juge : ici, il ne s’agit en pratique pas de travaux d’aménagement (déductibles), mais de travaux d’agrandissement (non déductibles) puisqu’ils ont contribué à augmenter la surface habitable de la maison par l’aménagement de l’étage !

Arrêt de la Cour Administrative d’Appel de Bordeaux du 3 novembre 2020, n° 18BX03707

La petite histoire du jour

C’est l’histoire d’une entreprise attaquée par une cliente tombée dans son magasin…

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Une cliente d’une grande surface trébuche sur un panneau publicitaire métallique et se fracture le poignet. Une chute et un préjudice dont est responsable le magasin, estime la cliente qui lui réclame alors des dommages-intérêts…

Encore faut-il prouver que le panneau en question se trouvait au mauvais endroit, estime l’entreprise qui exploite ce magasin, et que ce panneau, qui serait alors mal positionné, est la cause de la chute. Ce que la cliente ne prouve pas… Preuve qu’elle n’a pas besoin de rapporter, rétorque la cliente : le simple fait qu’elle soit blessée suffit, selon elle, à retenir la responsabilité du magasin lequel est, par principe, responsable des conditions d’accueil de sa clientèle et de circulation dans le magasin, afin de préserver la santé et la sécurité de ses clients…

Certes, admet le juge, mais cela n’exonère pas la cliente de prouver que sa chute est due à un panneau mal positionné. Preuve qu’elle ne rapporte pas ici, ce qui l’empêche d’obtenir quoi que ce soit…

Arrêt de la Cour de cassation, 1ère chambre civile, du 9 septembre 2020, n° 19-11882

La petite histoire du jour

C’est l’histoire d’une femme dont les parents ne sont pas vraiment dans le besoin…

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Une fille verse à ses parents une pension alimentaire d’un montant de 1 000 € par mois qu’elle déduit de ses revenus imposables. Une déduction (partiellement) remise en cause par l’administration fiscale, qui lui réclame alors un supplément d’impôt sur le revenu…

Pour pouvoir déduire les versements en cause, lui rappelle l’administration, elle doit pouvoir justifier de l’importance des sommes versées au regard de l’état de besoin de ses parents. « Mais c’est le cas », répond la fille, ses parents ne disposant pour vivre que d’une retraite mensuelle de 616 €. Sauf qu’elle les loge gratuitement dans un appartement qui lui appartient, qu’ils sont propriétaires de 2 biens immobiliers et qu’ils lui ont consenti par le passé une donation de 42 500 €, relève l’administration…

… et constate aussi le juge, qui valide le redressement : parce que ses parents ne sont pas vraiment « dans le besoin », les sommes versées ne sont pas des « pensions alimentaires »… et ne sont donc pas déductibles !

Arrêt de la Cour administrative d’appel de Nantes du 7 janvier 2022, n°20NT02364

La petite histoire du jour

C’est l’histoire d’un employeur qui tarde à licencier un salarié…

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Reprochant une faute grave à un salarié, un employeur décide de le mettre à pied à titre conservatoire en vue d’envisager son licenciement, qui interviendra 2 mois plus tard, le temps de mener quelques investigations. Un délai bien trop long pour le salarié, qui conteste son licenciement…

Pour lui, la mise à pied qu’il a subie est en réalité « disciplinaire », et non « conservatoire ». Pour que la mise à pied soit « conservatoire », il faut que le déclenchement de la procédure de licenciement soit concomitant au prononcé de cette mise à pied. Ce qui n’est pas le cas ici, relève le salarié, qui considère donc que la mise à pied est « disciplinaire ». Et, comme son nom l’indique, il s’agit d’une sanction…

Et cela change tout, reconnaît le juge qui lui donne raison, en rappelant qu’un employeur ne peut pas sanctionner un salarié 2 fois pour les mêmes faits : la mise à pied étant « disciplinaire », le salarié a donc déjà été sanctionné. Il ne peut plus être licencié pour les mêmes raisons…

Arrêt de la Cour de cassation, chambre sociale, du 2 février 2022, n° 20-14782

La petite histoire du jour

C’est l’histoire d’un propriétaire qui effectue des travaux… et vend son logement…

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Le propriétaire d’un appartement, qu’il destine à la location, y fait faire une série de travaux d’aménagement dont il va déduire le montant de ses revenus fonciers pour le calcul de son impôt sur le revenu. Des travaux nécessaires pour faciliter la vente de cet appartement qu’il projette au bénéfice d’un potentiel acheteur, rappelle-t-il…

Une motivation qui fait réagir l’administration fiscale, laquelle rappelle que les dépenses ne sont déductibles des revenus fonciers que pour autant qu’elles soient engagées pour faciliter l’acquisition ou la conservation des loyers, et non la vente du logement loué. En clair, l’administration considère que déduire des travaux engagés pour faciliter la location du logement, oui, mais déduire des travaux engagés pour faciliter la vente du logement, non…

Une motivation qui fait aussi réagir le juge… qui donne raison à l’administration fiscale : des travaux d’aménagement réalisés dans un logement loué dans le but de le vendre ne sont pas déductibles !

Arrêt de la Cour Administrative d’Appel de Lyon du 8 décembre 2021, n° 19LY01926

La petite histoire du jour

C’est l’histoire d’un artisan qui facture des travaux supplémentaires que son client refuse de payer…

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Dans le cadre de la rénovation de la maison d’un de ses clients, un artisan facture des travaux supplémentaires pour un montant de 14 013 €. Facture que son client refuse de payer : il ne les a pas commandés, assure-t-il…

« Faux ! », rétorque l’artisan qui rappelle que son client l’a pourtant bien sollicité pour ces travaux supplémentaires… « Faux ! », maintient le client qui rappelle à l’artisan qu’il n’a signé aucun devis qui confirmerait qu’il a dûment accepté cette commande : à défaut d’écrit, la commande n’existe donc pas et ces travaux supplémentaires n’ont pas à être payés… « Faux ! », poursuit l’artisan qui estime qu’une demande de travaux faite oralement suffit à établir que le client les a commandés, et donc approuvés…

« Faux ! », conclut le juge : la somme réclamée au titre des travaux supplémentaires dépassant le montant de 1 500 €, la preuve de la commande doit être rapportée par écrit. Ce que ne peut faire, ici, l’artisan… qui ne peut donc rien réclamer à son client !

Arrêt de la Cour de cassation, 3ème chambre civile, du 17 novembre 2021, n° 20-20409

La petite histoire du jour